Annexe 8 - Aptitudes hydrogéologiques des carrières de Haute-Saône au comblement par des déchets inertes

1. Introduction

L’impact essentiel considéré ici est le risque de perturbation des conditions hydrodynamiques du milieu et de pollution des eaux superficielles et souterraines, à l’exclusion de toute autre conséquence environnementale.
S’agissant de déchets censés être inertes, le problème de l’impact hydrochimique ne devrait pas se poser, mais on sait d’une part, qu’en l’absence de réglementation précise, certains déchets considérés comme inertes ne le sont pas totalement et que, d’autre part, des réactions peuvent se produire en présence d’eaux minéralisées. Par ailleurs, on connaît le risque lié aux difficultés de tri des déchets à l’amont, aux mélanges accidentels ou aux apports clandestins. C’est pourquoi, la vulnérabilité à la pollution du terrain encaissant est considérée comme un critère essentiel, sachant que cette vulnérabilité intègre divers paramètres tels que perméabilité, vitesse de transfert, présence ou absence de formations aquifères exploitées ou exploitables à l’aplomb, possibilité de contrôle et d’intervention…
Un autre critère important est l’impact hydrodynamique qui ne concerne que les carrières en eau, ouvertes dans des formations aquifères, et comblées par des matériaux inertes moins perméables que les terrains en place, ce qui a pour effet de perturber les conditions d’écoulement des eaux souterraines.

2. Classification et caractérisation des carrières

La typologie qui a donné lieu à la rédaction des fiches de carrières F1 à F6 présentées à la fin de cette note, a pour objet la carrière en tant que site de décharge, utilisé ou potentiel, et pour finalité, la prévention des risques hydrogéologiques et géotechniques, principalement de pollution du sous-sol, des eaux souterraines et des captages. Elle est, par conséquent, fondée sur des facteurs géologiques et hydrogéologiques.
Outre la nature du matériau exploité, la classification fait intervenir de multiples paramètres :
· -* formation géologique concernée,
· -* particularités hydrogéologiques de celle-ci, principalement sa perméabilité, sa relation avec les aquifères, ainsi que la profondeur de la, ou des, nappe(s) accessible(s),
· -* l’intérêt et la vulnérabilité de ce, ou ces, aquifère(s),
· -* l’état hydrique général des excavations ouvertes dans ce type de formation.

Ainsi, six principaux types de carrières ont été identifiés dans le département de Haute-Saône :
· -* Les gravières en lit majeur des rivières (alluvions récentes), nombreuses, souvent de grandes dimensions (horizontales), généralement en grande partie noyées par la nappe de l’aquifère alluvial activement exploité pour l’alimentation en eau potable des collectivités ; milieu très sensible.
· -* Les gravières des terrasses fluviatiles ou fluvio-glaciaires (alluvions anciennes), généralement hors d’eau mais parfois proches du toit de la nappe phréatique.
· -* Les carrières de marnes et argiles (pour tuiles et briques), rares, toutes abandonnées, non aquifères, creusées dans des formations imperméables jouant le rôle d’écran protecteur vis-à-vis des aquifères sous-jacents.

Jadis, de très nombreuses excavations, de faible envergure, ont été creusées dans les limons ou argiles superficielles pour alimenter les petites tuileries plus ou moins artisanales dispersées sur l’ensemble du territoire, ou dans les marnes pour amender les sols. Ces excavations, abandonnées depuis longtemps, remblayées ou recolonisées par la végétation, ont disparu du paysage pour la plupart.
· -* Les carrières de calcaires pour granulats ou pierres de construction, très nombreuses, de toutes tailles, dispersées sur la plus grande partie du territoire ; généralement sèches, ouvertes principalement dans les calcaires du Jurassique moyen et supérieur, en milieu perméable en grand par fissuration et karstification, dans lequel les eaux s’infiltrent et circulent rapidement, sans filtration, pour rejoindre des aquifères plus ou moins profonds (selon la topographie) alimentant de nombreuses sources et captages.
· -* Les carrières de grès, peu nombreuses, localisées essentiellement dans les grès du Trias inférieur de la bordure des Vosges saônoises, aujourd’hui presque toutes abandonnées après avoir été exploitées comme pierres de construction et pour la fabrication de meules. Milieu perméable par fissuration et possédant une certaine porosité d’interstices. Carrières généralement sèches, au-dessus de la nappe des grès située à une profondeur variable suivant la topographie et exposée aux infiltrations polluées.
· -* Les carrières de roches éruptives, peu nombreuses, de faible envergure, ouvertes dans des roches dures du socle ancien (Vosges saônoises). Carrières sèches, en milieu très fissuré, donc perméable, avec suintements ou venues d’eau possibles le long des fissures ; écoulement fissural, plus ou moins diffus, drainé par les vallées.

3. Critères d’aptitude des carrières au comblement par des déchets : risques d’impacts hydrogéologiques

Actuellement, la réglementation française ne fixe pas de seuil de perméabilité pour les sites de décharge de classe III réservés aux déchets inertes.
Dans cette étude, l’aptitude des carrières à recevoir des déchets est considérée en fonction :
· -* des risques hydrogéologiques et sanitaires,
· -* des possibilités de contrôle et d’intervention sur les eaux superficielles et souterraines,
· -* de la gestion du parc des sites d’accueil.
Les critères retenus sont donc :
· -* le risque de pollution superficielle par saturation en eau de la décharge et émission d’effluents contaminant le ruissellement aval,
· le risque d’infiltration de lixiviats dans un aquifère et de propagation lointaine de polluants :
o -** biodégradables,
o -** difficilement biodégradables,
o adsorbables,
· -* le risque géochimique engendré par d’éventuelles réactions entre la charge minérale des eaux drainées par la carrière et les éléments solubles des déchets stockés, avec production de polluants liquides ou gazeux,
· -* la vitesse de transfert, c’est-à-dire la rapidité d’infiltration des lixiviats pollués et d’accès de ceux-ci aux autres nappes, sources ou captages,
· -* l’impact sanitaire, caractérisé par l’importance de l’aquifère dans l’alimentation en eau potable du secteur et de la population concernée,
· -* les difficultés relatives d’un contrôle géochimique, en particulier la difficulté de localiser de façon exhaustive, par sondages et prélèvements ou autres méthodes de prospection, les écoulements souterrains (fissuraux, karstiques, diffus…) éventuellement pollués,
· -* la difficulté relative d’intervention pour fixer et dépolluer les eaux souterraines, en cas de pollution,
· -* le risque d’un éventuel colmatage de l’aquifère en cas de mise en décharge de produits fins, peu perméables, en carrières noyées, volumineuses ou multiples, pouvant avoir comme conséquences :
o -** une baisse de productivité de l’aquifère,
o -** une inondation des terrains situés en amont hydraulique,
· -* l’intérêt éventuel du site pour la mise en décharge de produits non inertes, susceptible d’orienter la recherche de sites de décharges pour ordures ménagères ou déchets industriels.

4. Evaluation et comparaison des risques d’impacts hydrogéologiques des décharges selon le type de carrière

Cette analyse a été synthétisée sous forme d’un tableau à double entrée (cf. figure 1) dans lequel chaque type de site, caractérisé hydrogéologiquement, est jugé en fonction des risques hydrochimiques et hydrodynamiques.
Selon la codification adoptée, le meilleur site d’accueil serait celui qui cumulerait les 0, avec éventuellement un X, étant entendu que la colonne de l’extrême droite du tableau correspond à l’économie des sites dans le cadre de la gestion globale de l’élimination des déchets, inertes et non inertes, non recyclables.
Ainsi, les carrières de marnes ou d’argiles apparaissent comme les sites de décharges les plus sûrs, dans la mesure, toutefois, où l’on maîtrise bien les eaux de surface. Du fait de leur rareté, ces sites ne devraient être utilisés pour les déchets inertes qu’après avoir prouvé leur inaptitude au classement I ou II.
Par ailleurs, on remarquera, d’une manière générale, que, si des déchets non inertes sont mêlés aux déchets inertes :
· -* tous les autres types de sites sont très vulnérables aux pollutions chimiques et l’impact sanitaire, grave à très grave, peut concerner une population moyenne à très nombreuse,
· -* quelques sites comme les gravières ou sablières hors d’eau sont un peu, ou nettement moins, vulnérables aux polluants biodégradables, à condition que l’épaisseur de la couche non saturée subsistant sous le fond de la carrière soit suffisante (oxygénation, dégradation bactérienne),
· -* dans les calcaires (où les carrières sont, de loin, les plus nombreuses), les grès et les roches éruptives, tous les polluants peuvent gagner rapidement les sources et captages, les calcaires n’assurant aucune filtration, les grès et les roches éruptives, une filtration plus ou moins efficace selon le remplissage altéritique du réseau fissural (colmatage par des produits d’altération),
· -* dans ces mêmes formations, le contrôle hydrochimique de l’aquifère par forages équipés pour les prélèvements est difficile car, souvent, les écoulements souterrains sont mal connus. Ainsi, la carte du panache de pollution, théorique ou effective, est plus aisée à établir dans les milieux moins discontinus et anisotropes comme les alluvions, que dans les roches fissurées. Pour ces mêmes raisons, les possibilités d’intervention efficace sont plus grandes à l’aval hydraulique des carrières de matériaux alluvionnaires où il est généralement facile de réaliser un ou plusieurs puits de fixation et de traitement.

REMARQUES CONCERNANT LE TABLEAU DE COMPARAISON DES RISQUES D’IMPACTS HYDROGEOLOGIQUES DES DECHARGES, SELON LE TYPE DE CARRIERE
(1) - s : carrière sèche - h : carrière humide - n : carrière noyée
(2) - Risque variable suivant les dimensions de la carrière et l’importance de celles-ci par rapport à la largeur du lit majeur.
(3) - Variable selon la nature du substratum.
(4) - Si la couche argileuse est suffisamment épaisse, c’est-à-dire sans formation aquifère proche du fond de la carrière.
(5) - Sans objet, si la couche argileuse n’est pas mince ni superposée à un aquifère exploité sous-jacent.
(6) - Selon l’épaisseur de l’argile et la perméabilité du sédiment (fonction de la teneur en silt et en sable).
(7) - Sans objet, les carrières étant ouvertes généralement dans des séries marneuses très épaisses, très au-dessus des formations aquifères sous-jacentes.

figure 1

TYPOLOGIE DES CARRIERES DE HAUTE-SAONE

FICHES DES DIFFERENTS TYPES DE CARRIERES F1 à F6

F1 : GRAVIERES EN LIT MAJEUR DES RIVIERES

MATERIAU
Mélange de sables, graviers, galets en proportions variables. Grave naturelle 0/40 à 0/100 mm, la granulométrie étant en général de moins en moins grossière d’amont en aval.
UTILISATION
Granulats.
FORMATION GEOLOGIQUE
Alluvions fluviatiles quaternaires récentes des basses plaines alluviales des principaux cours d’eau ; essentiellement siliceuses (issues du démantèlement des roches du massif vosgien) ; épaisseur de quelques m à 10 m, sous 0,50 m à 4 m de découverte argilo-limoneuse. Substratum de nature très variable.
HYDROGEOLOGIE
Formations généralement très perméables (perméabilité de l’ordre de 1.10-3 m/s) ; nappes à faible profondeur (1 à 3 m), en relation hydrodynamique avec les nappes des roches encaissantes, lorsque celles-ci sont perméables (calcaires, grès…). Fluctuation du niveau de la nappe variable, le plus souvent compris entre 1 m et 3 m.
INTERET ET VULNERABILITE DES AQUIFERES
Aquifères productifs à très productifs (30 m3/h à plus de 100 m3/h), très sollicités (nombreux puits de captage) pour l’alimentation en eau potable des collectivités ; vulnérables, exposés aux pollutions chimiques ; filtration et épuration bactériologique variables selon la granulométrie.
CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
Superficie variable, de quelques hectares à plusieurs dizaines d’hectares ; profondeur assez faible, le plus souvent inférieure à 10 m, correspondant généralement à l’épaisseur des alluvions (exploitation jusqu’au toit du substratum).
ETAT HYDRIQUE
Carrières noyées par la nappe sur la plus grande partie, voire parfois (notamment en période de hautes eaux) sur la quasi-totalité de l’épaisseur des alluvions sablo-graveleuses.
NOMBRE
Relativement important (quelques dizaines) ; gravières dispersées le long des principales rivières (Saône, Ognon, Lanterne, Rahin, Semouse…), plus rarement concentrées (interfluve Rahin-Ognon).
EXEMPLES TYPES
Gravières des environs de Lure (70) dans les alluvions de l’Ognon et du Rahin.
OBSERVATIONS PARTICULIERES
Ces gravières s’inscrivent dans un milieu très sensible, dans lequel se superposent ou se confondent diverses ressources naturelles (eau, matériaux, espaces agricoles, biotopes…) et où les impacts s’enchaînent ; en particulier, les comblements de carrières inconsidérés, dans les zones exploitées intensivement, peuvent avoir des conséquences dommageables sur la productivité de l’aquifère, l’épuration des eaux, la régulation hydraulique d’une section de vallée.

F2 : GRAVIERES DES TERRASSES FLUVIATILES OU FLUVIO-GLACIAIRES

MATERIAU
Mélange de sables, graviers, galets et petits blocs de roches siliceuses, avec parfois passages de niveaux essentiellement sableux ; grave naturelle 0/60 à 0/150 mm, hétérométrique. Matrice argileuse plus ou moins développée.
UTILISATION
Granulats.
FORMATION GEOLOGIQUE
Alluvions anciennes d’origine fluviatile ou fluvio-glaciaire, ces dernières plus ou moins triées et stratifiées, résultant du remaniement et du lessivage des dépôts glaciaires morainiques par les eaux de fonte des glaciers ; localisées principalement en bordure de vallée (Saône, Ognon, Semouse…) et dominant le lit majeur à des altitudes variées ; épaisseur variable : quelques mètres à plus de 20 m (alluvions fluvio-glaciaires de la région de Mélisey-Froideterre) ; épaisseur du recouvrement argilo-limoneux variable, faible, sur alluvions fluvio-glaciaires ; substratum de nature variée.
HYDROGEOLOGIE
Formations perméables, le plus souvent hors d’eau, mais parfois aquifères à la base, ou en continuité avec le réservoir des alluvions récentes qu’elles dominent.
INTERET ET VULNERABILITE DES AQUIFERES
Aquifères peu épais (base de la formation) et peu productifs, pouvant alimenter des sources généralement à faible débit, isolés (nappes "perchées"), ou en relation avec la nappe des alluvions récentes ; filtrants et bactériologiquement épurateurs mais risque de pollution chimique important, notamment en milieu fluvio-glaciaire, en raison de la faible épaisseur de couverture argileuse ou limoneuse protectrice.
CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
Carrières en fosse sur terrasses d’alluvions fluviatiles ou en butte, à flanc de coteau, sur cordon fluvio-glaciaire en bordure de vallée ; profondeur variable : quelques mètres à une dizaine de mètres ; superficie également variable : quelques hectares à plus de 10 hectares.
ETAT HYDRIQUE
Carrières généralement hors d’eau, pouvant être humides dans le fond.
NOMBRE
Peu nombreuses, matériaux peu exploités, en raison du caractère argileux fréquent.
EXEMPLES TYPES
- Magnoncourt, Corbenay : carrières en terrasses.
- Fougerolles : carrières à flanc de coteau (fluvio-glaciaire).

F3 : CARRIERES DE MARNES OU D’ARGILES

MATERIAU
Marnes, marnes sableuses, marnes schisteuses, argiles carbonatées, argiles d’altération.
UTILISATION
Matière première pour produits de terre cuite : tuiles et briques, et pour amendement (anciennement).
FORMATIONS GEOLOGIQUES
- Marnes de l’Oxfordien inférieur, intercalées entre les calcaires du Malm (Jurassique supérieur) et les calcaires du Dogger (Jurassique moyen), affleurant de façon plus ou moins sporadique dans les plateaux de Haute-Saône.
- Marnes triasico-liasiques (Jurassique inférieur, ou Lias, Keuper, Muschelkalk moyen) affleurant largement dans la dépression périvosgienne et la bordure septentrionale des plateaux de Haute-Saône.
Formations généralement épaisses (plusieurs dizaines de mètres), plus ou moins altérées en surface.
- Limons et argiles d’altération superficielle, peu épais (quelques mètres).
HYDROGEOLOGIE
Très faible perméabilité ; les eaux de pluie ruissellent en surface ou s’infiltrent dans les premiers mètres de marnes altérées et circulent à la limite marne altérée - marne saine (circulation "sous-cutanée").
INTERET ET VULNERABILITE DES AQUIFERES
Pas d’aquifère dans les terrains marneux ou argileux qui jouent le rôle d’écran protecteur efficace vis-à-vis des réservoirs aquifères sous-jacents (calcaires du Jurassique ou du Muschelkalk supérieur, grès du Trias inférieur).
NOMBRE ET CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
Exploitations en butte (à flanc de coteau) ou en fosse. Les carrières de grande envergure (superficie supérieure à 5 hectares, hauteur supérieure à 10 m) sont extrêmement rares et il n’existe plus aucune carrière en activité.
On exploitait jadis les marnes pour amender les sols. Les "carrières" (ou marnières), assez nombreuses, n’étaient que de simples excavations, de faible envergure. Abandonnées depuis longtemps, la plupart d’entre elles se sont fondues dans le paysage.
ETAT HYDRIQUE
Variable, selon la situation topographique, l’ouverture de la carrière, c’est-à-dire les possibilités de drainage naturel ; exposition aux ruissellements sur les parois ; faculté de rétention de l’eau.
EXEMPLES TYPE
- Carrière de Passavant-la-Rochère, abandonnée (marnes du Muschelkalk moyen).
- Carrière de Creveney, abandonnée (marnes schisteuses ou "schistes bitumineux" du Lias, plus précisément du Toarcien).
OBSERVATIONS PARTICULIERES
Les marnes et argiles carbonatées triasiques comportent des évaporites (NaCl, KCl, SO4, Ca), les marnes oxfordiennes et liasiques des sulfures (pyrites) et des sulfates (gypse formé secondairement par combinaison des sulfures avec les ions bicarbonatés). Les eaux de ruissellement peuvent donc se charger naturellement en chlorures et/ou en sulfates.

F4 : CARRIERES DE CALCAIRES

MATERIAU
Calcaires variés, massifs ou en dalles, calcaires argileux, dolomitiques…
UTILISATION
Granulats, construction.
FORMATION GEOLOGIQUE
Le département de Haute-Saône est riche en formations calcaires qui, pour la plupart, sont, ou ont été exploitées localement :
- calcaires du Jurassique supérieur (Malm) : Portlandien, "Kimméridgien", "Séquanien", "Rauracien" (plateaux de Haute-Saône),
- calcaires du Jurassique moyen (Dogger) : Bathonien, Bajocien (plateaux de Haute-Saône),
- calcaires du Trias moyen : Muschelkalk supérieur (dépression périvosgienne).
Toutes ces séries calcaires sont épaisses, chacune, de plusieurs dizaines de mètres.
HYDROGEOLOGIE
Les calcaires, plus ou moins fissurés et karstifiés, constituent un milieu perméable en grand :
- karst perché, au-dessus du niveau de base hydrographique : aquifère seulement à la base, alimentant des sources de déversement, au débit très variable, parfois temporaires, situées sur les versants, au pied des escarpements calcaires (cuestas), au contact des marnes sous-jacentes imperméables,
- karst en tout ou partie sous le niveau de base hydrographique : noyé au moins jusqu’à la cote du niveau de base, alimentant des sources de débordement à débit plus ou moins important, situées à la base des versants,
- tout karst : développement anisotrope, selon le plan d’ouvertures tectoniques du réseau fissural (écoulement souterrain selon un réseau organisé).
INTERET ET VULNERABILITE DES AQUIFERES
- Karst perché : sans réserve importante, faiblement productif.
- Karst encaissé : réservoir de productivité variable selon le degré de fracturation de la roche.
- Toute formation calcaire affleurante : très vulnérable, exposée à toutes les pollutions, sans capacité de filtration ; circulations rapides.
CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
- Carrières de toutes tailles (superficie de quelques hectares à plusieurs dizaines d’hectares ; hauteur quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres).
- Exploitation en butte (à flanc de coteau) ou en fosse (plus rarement).
- Découverte généralement peu épaisse (terre végétale et partie supérieure du calcaire altéré et pollué par des argiles de décalcification).
ETAT HYDRIQUE
Carrières sèches, sauf rares exceptions, lorsque l’approfondissement atteint la nappe phréatique (fond de carrière noyé).
NOMBRE
Important : environ 80 carrières (autorisées, actives ou abandonnées), recensées par la DRIRE, dispersées sur la plus grande partie du territoire départemental, à l’exception des Vosges saônoises, sans compter les nombreuses carrières communales et carrières anciennes, toutes abandonnées aujourd’hui.
EXEMPLES TYPES
- Dampvalley-les-Colombe (Bajocien) : carrière en butte, à flanc de coteau.
- Courcuire ("Séquanien") : carrière en fosse.
- Vellechevreux-et-Courbenans (Muschelkalk supérieur) : carrière à flanc de coteau.

F5 : CARRIERES DE GRES

MATERIAU
Grès rouge.
UTILISATION
Construction (moellons, dalles, linteaux…), meules (anciennement).
FORMATION GEOLOGIQUE
Grès du Trias inférieur ou Buntsandstein, plus précisément le niveau dit "grès à Voltzia", grès micacé à grains fins, d’une épaisseur de 7 à 8 m, affleurant essentiellement dans la dépression péri-vosgienne.
HYDROGEOLOGIE
Les grès du Buntsandstein, d’une épaisseur totale de plusieurs dizaines de mètres, constituent un milieu perméable (perméabilité de l’ordre de 10-5 m/s). Outre une perméabilité de fissures (perméabilité en grand), la roche possède une certaine porosité d’interstices pouvant atteindre localement 20%.
Comme pour les calcaires, la nappe est à une profondeur très variable selon la topographie (cf. fiche F4).
INTERET ET VULNERABILITE DE L’AQUIFERE
Productivité variable mais relativement modeste (quelques m3/h à 30 m3/h). En l’absence de couverture protectrice, l’aquifère des grès est exposé aux pollutions mais bénéficie d’une certaine filtration liée à la porosité de la roche et à la présence fréquente d’altérites sableuses dans les fissures.
CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
Les carrières sont généralement exploitées en butte, à flanc de coteau et de faible envergure (superficie inférieure à 5 ha, hauteur inférieure à 7 m).
ETAT HYDRIQUE
Carrières de versant généralement sèches ; suintements possibles le long des fissures.
NOMBRE
Faible : moins d’une dizaine, dont une seule encore autorisée.
EXEMPLES TYPES
- Magny-Jobert.
- Granges-la-Ville.

F6 : CARRIERES DU SOCLE VOSGIEN

MATERIAU
Roches éruptives (tufs pyroclastiques) de nature siliceuse, appelés "porphyres" dans la profession.
UTILISATION
Granulats, ballast.
FORMATION GEOLOGIQUE
Socle hercynien soulevé, à fracturation intense et multidirectionnelle, affleurant dans les Vosges saônoises ; couverture d’altération (arène plus ou moins argileuse ou sableuse), d’épaisseur variable, mais souvent importante (supérieure à 5 m, atteignant localement plus de 10 m).
HYDROGEOLOGIE
Roches intrinsèquement imperméables mais perméables en grand par fissuration. Nappe "fissurale" épousant de plus ou moins près, en profondeur, la topographie de la surface. Le niveau d’eau se rapproche de la surface en bas de versant, jusqu’à rejoindre la cote des rivières et des nappes alluviales d’accompagnement avec lesquelles il est en relation hydrodynamique. Les écoulements sont plus diffus que dans les calcaires karstifiés.
INTERET ET VULNERABILITE DES AQUIFERES
Productivité généralement faible (quelques m3/h). Possibilité d’obtenir des débits plus importants à l’aide d’ouvrages (galeries, par exemple) recoupant un grand nombre de fissures. Aptitude relative à la filtration grâce aux altérites sablo-argileuses du réseau fissural et aux arènes superficielles.
CARACTERISTIQUES GEOMETRIQUES DES CARRIERES
Carrières de faible envergure (moins de 5 hectares), ouvertes généralement à flanc de coteau.
ETAT HYDRIQUE
Carrières de versants généralement sèches ou avec suintements, voire venues d’eau le long de certaines fissures et accumulations locales en fond.
NOMBRE
Peu important : moins d’une dizaine, environ, dont 5 en activité.
EXEMPLES TYPES
- Carrière de Saulnot.
- Carrière de Ternuay-Melay-et-Saint-Hilaire.

Partager la page

S'abonner