Conclusion

Avec 98% de la production totale, en tonnage et 77 carrières autorisées sur 83, les granulats représentent l’essentiel de l’industrie extractive des matériaux de carrières dans le département du Doubs. Les autres exploitations, pour lesquelles le problème des réserves ne se pose pas, se limitent à 5 carrières de pierres de taille calcaires de très faible envergure et 1 carrière de marnes pour tuiles et briques.

L’analyse du flux des granulats et l’inventaire des ressources potentielles conduisent à faire les principales remarques suivantes :

  • Le département du Doubs est déficitaire en matériaux roulés d’origine alluvionnaire et fait appel à l’importation :
    • essentiellement en provenance de Haute-Saône pour le secteur de Besançon,
    • en provenance de Haute-Saône et, dans une moindre mesure d’Alsace, pour le secteur de Montbéliard.
  • - Les réserves et les ressources potentielles en matériaux alluvionnaires sont partout limitées :
    • soit à cause du développement de l’urbanisation et à l’épuisement des gisements dans les plaines alluviales ; c’est le cas de la vallée du Doubs et de la Savoureuse,
    • soit à cause de l’existence de contraintes fortes liées notamment à la protection des eaux souterraines pour l’alimentation en eau potable publique, c’est le cas de la vallée de l’Ognon et surtout de la plaine de Pontarlier.
  • A la différence des matériaux alluvionnaires, les roches calcaires sont très largement répandues dans le département du Doubs. Elles affleurent pratiquement partout, notamment autour des principaux centres de consommation.

Les réserves autorisées sont importantes et les ressources potentielles quasi inépuisables.

Toutefois, dans le secteur de Montbéliard, les gisements actuellement exploités dans le Jurassique supérieur, au voisinage de l’agglomération, sont de qualité relativement médiocre, alors qu’il existe des gisements de meilleure qualité, mais plus éloignés, dans le Jurassique moyen.

Une partie importante (plus de 40%) de la production des carrières du Haut-Doubs est exportée vers la Suisse, le plus souvent à l’état brut.

C’est sur la base des considérations générales ci-avant qu’ont été définis les orientations et objectifs d’une politique d’extraction des granulats dans le département du Doubs. Cette politique est axée sur l’utilisation économe et rationnelle des matériaux dans le souci de préserver et d’éviter le gaspillage des gisements de matériaux de grande qualité, particulièrement alluvionnaires, tout en protégeant l’environnement.

Pour cela, un certain nombre de dispositions sont envisagées :

- Réserver les alluvions aux seuls usages pour lesquels ces matériaux sont indispensables, dans le domaine routier et en VRD. Toutefois, cette mesure, qui est déjà bien mise en pratique, n’est pas susceptible de générer une économie importante de matériaux alluvionnaires pour le département. En effet, l’essentiel des granulats consommés à ces usages (14% de la consommation de matériaux alluvionnaires) est importé de Haute-Saône, en raison de leur nature siliceuse, indispensable pour les couches de roulement.

- Développer le processus de substitution dans la fabrication des bétons en réduisant progressivement et globalement la proportion de granulats alluvionnaires de 58% (taux de référence de l’année 1992) à 30% sur une dizaine d’années, à compter de la date d’approbation du Schéma Départemental des Carrières, avec possibilités de révision et d’adaptation suivant les conditions locales et l’évolution éventuelle des techniques. Une telle mesure permet d’envisager sur 15 ans, une économie de 3 400 kt d’alluvions ou 30 hectares de terrains.

- Adapter la production de matériaux aux besoins du département et des départements voisins.

- Recycler les matériaux de démolition et les déchets de construction. Bien que dans le département du Doubs le contexte soit peu favorable au recyclage des matériaux (marché restreint, prix de revient élevé, qualité moindre des produits, rendant leur commercialisation difficile), cette filière, très peu pratiquée actuellement, mérite d’être développée, ne serait-ce que pour limiter l’encombrement inutile des décharges.

Pour mener à bien une telle politique, il est nécessaire de promouvoir une action d’information et de sensibilisation de toutes les parties concernées par l’industrie des granulats, producteurs et utilisateurs (carriers, bétonniers, donneurs d’ordres, municipalités, projeteurs et concepteurs…), tout en sachant que le critère économique sera prépondérant dans la réussite.

Les contraintes environnementales, bien que nombreuses et variées, laissent encore de vastes espaces libres pour l’exploitation des granulats, notamment en roches calcaires, au voisinage des principaux centres de consommation. C’est sur le gisement alluvionnaire de la plaine de Pontarlier, pratiquement le seul du Haut-Doubs, que pèse actuellement la contrainte la plus forte, liée à l’exploitation de la nappe pour l’alimentation en eau potable.

Le transport des matériaux s’effectue actuellement exclusivement par voie routière et l’étude montre que cette situation ne peut guère évoluer dans les années à venir. C’est pourquoi un soin attentif devra être porté à la prise en compte des conditions de sécurité liées à la desserte des carrières.

En ce qui concerne les orientations en matière de réaménagement des carrières, une étude complémentaire serait nécessaire pour localiser et caractériser les principaux types de milieux existants dans le département du Doubs et définir, pour chacun d’eux, les principes d’aménagement optimaux à privilégier.

La création d’une commission locale d’information est à encourager pour les sites de carrières susceptibles de poser problème. La mise en place d’une telle commission a pour but de favoriser le dialogue et la transparence lors d’affaires sensibles (exportation, problème environnemental…), de gérer les intérêts de chacun pendant l’exploitation et de préparer au mieux le réaménagement.

Enfin, très souvent, les exploitants confient les études d’impact à des bureaux d’études spécialisés et ne sont pas eux-mêmes bien familiarisés avec les données environnementales. C’est pourquoi, une action d’information et de sensibilisation des carriers dans ce sens, serait certainement profitable.

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