Évolution des besoins en granulats

6.1. Évaluation de la production au cours des dernières années

Les tableaux du § 3.2 montrent l’évolution de la production de granulats au cours des dernières années, de 1989 à 1994, ce qui permet de faire les constatations suivantes :

  • Entre 1989 et 1994, la production de granulats, hors chantiers à caractère exceptionnel (2 600 à 3 100 kt/an) n’évolue pas de façon significative, de même que la proportion de matériaux alluvionnaires qui oscille entre 41% et 50%. La production moyenne annuelle est de l’ordre de 1 300 kt d’alluvions et 1 700 kt de roches massives dont 300 kt de roches éruptives.
  • La production moyenne totale annuelle, de l’ordre de 3 000 kt, représente 12 t par habitant, valeur nettement supérieure à la moyenne nationale qui est voisine de 7 t/habitant.
  • La production de granulats du département satisfait les besoins, quelle que soit la nature des matériaux, l’importation étant limitée à quelques dizaines de kt de granulats éruptifs pour couches de roulement en provenance d’un gisement de Saône-et-Loire (IGE) plus proche de la partie sud du Jura que celui de Moissey-Offlanges.

6.2. Évaluation des besoins

Ainsi, dans les conditions actuelles, les besoins annuels moyens en granulats du département du Jura, hors chantier à caractère exceptionnel, peuvent être estimés à 3 000 kt, dont approximativement :

  • 1 300 kt d’alluvions,
  • 1 400 kt de granulats de roches calcaires,
  • 300 kt de granulats de roches éruptives.


6.2.1. Besoins en matériaux alluvionnaires
L’évaluation des besoins en granulats du département du Jura est basée sur les hypothèses et principes suivants :

  • le schéma des carrières doit déterminer les possibilités et les conditions d’approvisionnement en granulats du département pour une quinzaine d’années,
  • pendant cette période de 15 ans, on admet que la consommation normale se maintiendra, en moyenne au niveau actuel et, en conséquence, on prendra donc comme valeurs de références celles de 1994,
  • En ce qui concerne les chantiers à caractère exceptionnel concernant le département du Jura et aux premiers rangs desquels figure la construction de la Ligne LGV Rhin Rhône Branche Est, ils ont été intégrés dans une analyse plus globale de l’approvisionnement et de la gestion de l’ensemble des grands chantiers à venir dans la région Nord Franche Comté permettant de localiser les projets excédentaires ou déficitaires en matériaux et d’examiner les possibilités et opportunités d’échanges de matériaux entre eux.
    Les chantiers routiers devraient pouvoir être approvisionnés par les carrières existantes recensées aux voisinages des chantiers. L’augmentation de la production nécessaire devrait être modeste et pouvoir être supportée par les carrières en place. Cependant pour les chantiers proches de la Ligne LGV, ceci ne sera possible que si l’approvisionnement de cette dernière est assuré de manière à ne pas saturer les carrières existantes .
    L’influence de cette infrastructure ferroviaire est en effet prépondérante sur l’ensemble des grands travaux.
    Son approvisionnement ne peut raisonnablement pas être assuré par les seules carrières existantes compte tenu de la durée relativement courte des travaux de terrassement (environ 3 ans) et des risques de saturation pouvant survenir à certaines périodes et sur certaines zones.
    Pour les minimiser, l’ouverture de nouvelles zones spécifiques d’extraction est ainsi à prévoir dans le département du Jura, le long du tracé.
    Les règles énoncées au paragraphe 5.1.consistant à réduire les extractions de granulats en milieu alluvionnaire sont étendues à l’ensemble des chantiers exceptionnels à venir.
    Le recours à la ressource alluvionnaire pour les opérations de terrassements de ces chantiers est exclu et dès lors, seules les carrières exploitant des roches massives pourront être sollicitées pour les approvisionnements de ces chantiers.
  • la politique d’exploitation des carrières définie au § 5.1., impose une évolution du marché des granulats marquée par un transfert progressif de la consommation de sables et graviers alluvionnaires vers les matériaux de roches concassées, sachant que le département du Jura, à l’exception de sa bordure bressanne, est largement pourvu en gisements de roches calcaires. Ainsi, les mesures suivantes sont proposées pour les 15 années à venir :
    • granulats pour bétons : réduction globale moyenne de 5% de la consommation de granulats alluvionnaires d’une année à l’autre pendant les 5 premières années, puis 3%/an. C’est ce qui a été proposé pour le département de la Haute-Saône où les conditions sont identiques,
    • granulats pour viabilité et VRD : ramener la consommation de granulats alluvionnaires, actuellement de 440 kt, à une valeur constante de 150 kt en 10 ans, soit une diminution de 30 kt/an. Les 150 kt annuelles seront ensuite réservées exclusivement à des usages "nobles" (granulats siliceux ou silico-calcaires pour enrobés),

- livraisons hors département :
. maintien du rythme actuel (130 kt/an) en ce qui concerne les livraisons de granulats alluvionnaires vers les départements voisins,
. arrêt en 5 ans des livraisons de granulats alluvionnaires au-delà du département et des départements voisins (80 kt actuellement), soit une réduction de 15 kt/an environ.
Le tableau de la figure 6 montre, à titre de simulation, sur la base de ces dispositions, l’évolution théorique de la production annuelle et les besoins à 15 ans.

Les calculs détaillés effectués année par année permettent de constater qu’en 15 ans, l’économie totale de matériaux alluvionnaires est de 7 000 kt environ, dont :
- 3 100 kt, grâce à l’utilisation rationnelle des matériaux en technique routière et VRD,
- 2 900 kt, grâce au processus de substitution dans les bétons,
- 1 000 kt, résultant de l’arrêt des exportations vers la Suisse.

Au bout de 15 ans, la production annuelle normale de granulats alluvionnaires du département, comparativement à celle de 1994, se caractérise par une économie globale de 670 kt, soit 50% dont :
- 300 kt, dans les bétons,
- 290 kt, en viabilité et VRD,
- 80 kt, résultant de l’arrêt des livraisons de granulats alluvionnaires hors département et départements voisins.

Une économie de 7 000 kt de matériaux représente une économie d’espace de 48 ha, environ, en milieu alluvionnaire, pour une épaisseur moyenne de gisement de 8 m.
Les besoins totaux correspondant à 15 années de production, c’est-à-dire 13 250 kt d’alluvions représentent une consommation d’espace de 92 ha environ, pour une épaisseur de gisement de 8 m. Ils sont largement couverts par les réserves théoriques autorisées, estimées à près de 28 000 kt.
Toutefois, la pente de réduction des extractions de matériaux alluvionnaires pourra être modulée en fonction de la conjoncture ou des conditions locales. Ainsi, le taux de substitution de 5%, puis de 3% dans les bétons doit être considéré comme un taux moyen annuel à l’échelle du département et pas forcément au niveau de chaque exploitation, la pérennité de certaines (parmi les moins importantes) pouvant être menacée à plus ou moins long terme. Il est nécessaire, en effet, de tenir compte du seuil de rentabilité de chaque entreprise.
Par ailleurs, il sera toujours possible, après quelques années, 3 ans par exemple, d’établir un bilan qui permettra de fixer les conditions pour les années suivantes avec un éventuel réajustement.

6.2.2. Besoins en granulats de roches massives

a) Roches massives calcaires
Le tableau de la figure 7 montre l’évolution théorique de la production et les besoins à 15 ans en granulats de roches massives. Cette évaluation est basée sur les hypothèses et principes suivants :
- tous les granulats de substitution des matériaux alluvionnaires dans les bétons et la viabilité sont des granulats de roches massives calcaires,
- la production de roches massives éruptives est maintenue au rythme actuel (300 kt en 1994),
- l’exportation de granulats de roches calcaires vers la Suisse est maintenue au rythme actuel (70 kt en 1994).

Le processus de substitution dans les bétons et la viabilité entraînent une augmentation progressive sensible de la production annuelle de granulats de roches calcaires qui passe de 1 400 kt en 1994 à environ 2 000 kt, soit plus 43%, au bout de 15 ans.
A l’horizon 2009, 300 kt de granulats calcaires entreraient théoriquement dans la fabrication des bétons, soit un taux de substitution de 43%.
Les besoins à 15 ans en roches calcaires, estimés globalement à 28 000 kt, sont supérieurs aux réserves autorisées (25 700 kt). L’augmentation de la production diminuera d’autant la durée des réserves autorisées qui, actuellement, sont déjà inférieures à 15 ans dans la plupart des secteurs, notamment les secteurs de Dole, Saint-Claude - Morez et, dans une moindre mesure Lons-le-Saunier, ce qui conduit à envisager dans ce délai de nouvelles ouvertures ou extensions de carrières.
Sur 15 ans, le surcroît de production de roches calcaires lié aux processus de substitution est de 6 000 kt environ, ce qui, pour une épaisseur de gisement de 20 m, correspond à une consommation d’espace de 16 ha, valeur qui, comparée aux 48 ha économisés en alluvionnaires (cf. § 6.2.1.) fait apparaître un gain d’espace global de 32 ha.
En ce qui concerne les chantiers exceptionnels au premier rang desquels figure la réalisation de la Branche Est de la ligne LGV, les besoins en matériaux calcaires pour l’ensemble de cet ouvrage ont été évalués globalement à 6 millions de tonnes après optimisation des mouvements de matériaux permettant d’économiser la ressource minérale et de réduire les besoins en matériaux.

b) Roches massives éruptives
L’exploitation des roches éruptives de la bordure septentrionale du massif de la Serre a un intérêt d’ordre régional qui dépasse largement le cadre du département en raison de l’excellente qualité des matériaux qui les rend indispensables pour certaines couches de roulement de chaussées, et la rareté de ce type de gisement (affleurement localisé du socle) en pays sédimentaire comme le Jura, la Bresse, voire la Franche-Comté.
Sur 15 ans, la production totale de roches éruptives est estimée à 4 500 kt, alors que les réserves autorisées (1 500 kt) fin 1993 ne couvrent que 5 années de production.Une rupture de l’approvisionnement est donc à craindre, à court terme.

Le ballast constitué de matériaux éruptifs nécessaires à la réalisation de la Ligne LGV n’est pas pris en compte eu égard à la provenance maîtrisée par RFF de ces matériaux qui sont très particuliers et exploités dans un nombre restreint de carrières réparties sur le territoire national et dont une seule est située en Franche Comté et hors département du Jura.

Partager la page

S'abonner