Généralités

2.1. Cadre géographique, morphologique et géologique (figure 1)

Formant la partie sud-occidentale de la Franche-Comté, le département du Jura couvre une superficie de 5 055 km2 et compte environ 250 000 habitants. Sa partie nord-ouest s’étend sur la plaine de Bresse tandis que le reste du territoire appartient à la partie médiane du croissant jurassien.
Différentes unités structurales et morphologiques se succèdent du Nord-Ouest au Sud-Est :

  • la bordure orientale de la plaine de Bresse, prolongée par le bassin de la forêt de Chaux, régions déprimées occupées par des dépôts meubles argileux, sableux ou sablo-graveleux d’âge plioquaternaire. A l’extrémité nord du département, les formations du socle ancien du massif de la Serre et leur couverture sédimentaire forment un relief qui sépare la Forêt de Chaux au Sud et la plaine de Saône au Nord.
  • le Jura externe : c’est un domaine complexe formé de zones tabulaires ou plateaux séparés par des zones plissées et très tectonisées, ou faisceaux.
    • Les faisceaux se présentent comme d’étroites bandes de terrains disloquées, plissées, faillées, qui s’allongent entre les plateaux ou en bordure de ceux-ci, en formant généralement un relief,
    • Les plateaux sont constitués de couches tabulaires ou faiblement ondulées, plus ou moins faillées. Ils sont souvent inclinés vers l’intérieur de la chaîne du Jura et s’étagent à des altitudes respectivement croissantes dans cette direction.

Ainsi peut-on distinguer successivement :

  • le faisceau lédonien, ou zone du Vignoble, prolongé vers le Sud par le Revermont et se raccordant, vers le Nord, au faisceau salinois ; c’est une région très tectonisée, découpée en lanières par des failles d’orientation subméridienne à WSW-ENE,
  • le plateau de Lons-le-Saunier, prolongé vers le Sud par le plateau d’Arinthod, après un bombement anticlinal au niveau d’Orgelet,
  • le faisceau de la chaîne de l’Euthe, prolongé vers le Sud par le faisceau d’Orgelet-Poncin,
  • le plateau de Champagnole, entre le faisceau de l’Euthe et la Haute-Chaîne,
  • le faisceau de Syam,
  • le plateau de Nozeroy, entre le faisceau de Syam et la Haute-Chaîne,

A l’extrémité méridionale du département, les plis, de direction subméridienne, se resserrent ; les plateaux se terminent en coins et la région devient uniformément plissée. D’une manière générale, l’âge des terrains constituant les plateaux est de plus en plus récent, de l’extérieur vers l’intérieur du massif jurassien :

  • jurassique moyen pour le plateau de Lons-le-Saunier,
  • jurassique moyen et supérieur pour la partie septentrionale du plateau de Champagnole,
  • jurassique supérieur pour la partie méridionale du plateau de Champagnole et le plateau d’Arinthod,
  • jurassique supérieur et crétacé pour le plateau de Nozeroy.

Dans les faisceaux plissés la tectonique et l’érosion intenses ont amené à l’affleurement des terrains très variés allant du Trias au Jurassique supérieur (faisceaux lédonien et salinois) mais, là encore, d’une façon générale, l’âge des terrains est de plus en plus récent lorsqu’on se déplace vers l’intérieur de la chaîne.
- Le Jura interne
On l’appelle aussi Jura plissé, Haute-Chaîne, faisceau helvétique ou encore Haut-Jura. Il comporte un ensemble de plis parallèles qui se suivent d’une manière presque continue du Nord au Sud à une altitude généralement supérieure à 1 000 m. Les anticlinaux du Jurassique supérieur sont souvent dissymétriques, coffrés, quelquefois même renversés sur les synclinaux crétacés. Des failles directionnelles chevauchantes les affectent parfois.
La région est drainée par de nombreux cours d’eau :

  • au Nord les cours inférieurs de l’Ognon, du Jura et de la Loue, le confluent de ces deux derniers formant une vaste plaine alluviale au Sud-Ouest de Dole,
  • dans la partie centre-ouest, des rivières de moindre importance prennent naissance au fond de reculées qui entaillent le premier plateau et s’écoulent vers la Bresse : l’Orain, la Brenne, la Seille, la Vallière.
    Toutes ces rivières appartiennent au bassin versant de la Saône.
  • La partie sud du département est drainée par l’Ain, principale rivière et ses affluents la Bienne, le Suran et la Valouse, appartenant au bassin versant du Rhône.
    Des alluvions quaternaires, d’origine fluviatile, glaciaire ou fluvio-glaciaire se sont déposées dans le fond et localement sur les bords des principales vallées et de certaines cuvettes synclinales.

2.2. Nature et origine des matériaux de carrières exploités

L’activité extractive des matériaux de carrières du département du Jura concerne différents domaines :

  • la fabrication de granulats, qui représente en 1994 85% de la production, en tonnage,
  • l’industrie, qui représente environ 15% de la production :
    • calcaires et marnes à ciment,
    • gypse pour plâtre,
    • calcaires pour industrie chimique,
    • terre cuite,
  • l’agriculture, production insignifiante,
  • les pierres de construction et ornementales, production insignifiante.

2.2.1. Granulats
Du point de vue géologique ou géotechnique, on distingue deux grandes catégories de roches susceptibles de fournir des granulats : les roches meubles,d’une part, et les roches massives, d’autre part, cohérentes, plus ou moins dures.
a) Roches meubles
Les roches meubles donnent des granulats naturels généralement roulés.
Il peut s’agir :

  • soit, d’alluvions quaternaires récentes d’origine fluviatile, déposées dans les basses plaines alluviales (lit mineur et lit majeur) des principaux cours d’eau : Ognon, Doubs, Loue, Orain, Seille, Ain, Bienne ;
  • soit, d’alluvions quaternaires anciennes, d’origine glaciaire (moraines) ou fluvio-glaciaire, déposées dans le fond et/ou en bordure de certaines dépressions : vallées du Drugeon, de l’Ain, de la Bienne, synclinaux crétacés de la Haute-Chaîne ; ainsi que sur les hauts plateaux où elles ne subsistent qu’à l’état de lambeaux de faible extension ;
  • soit d’alluvions encore plus anciennes, d’âge plioquaternaire, déposées dans des bassins d’effondrement tertiaires : Bresse, Forêt de Chaux.
    Appartiennent également aux roches meubles, des éboulis calcaires calibrés, à éléments anguleux et matrice argilo-sableuse formés sous climat périglaciaire. Ces dépôts, accumulés au pied des falaises calcaires dont ils sont issus et qu’ils masquent en partie, sont appelés "groises" dans la région.

b) Roches massives
Dans le département du Jura, les roches massives à partir desquelles sont fabriqués des granulats de concassage se divisent en deux grandes catégories : les roches massives calcaires, les plus répandues, et les roches massives de nature siliceuse, ou roches éruptives (appelées "porphyres", dans la profession).
Roches massives calcaires
Les roches massives calcaires, d’origine sédimentaire, sont particulièrement abondantes dans la série stratigraphique du Jura et affleurent sur une grande partie du territoire départemental. Les niveaux exploités appartiennent essentiellement au Jurassique moyen (Dogger) et supérieur (Malm) et présentent des faciès variés :

  • Jurassique moyen
    • Bajocien
    • calcaires organo-détritiques, à entroques, et calcaires à polypiers (Bajocien inférieur),
      • calcaires oolithiques (Bajocien supérieur),
    • Bathonien
      • calcaires compacts, à pâte fine, sublithographiques,
      • calcaires graveleux, localement oolithiques.
  • Jurassique supérieur
    • Oxfordien supérieur ou "Rauracien"
      • calcaires oolithiques et bioclastiques,
      • calcaires à polypiers,
      • calcaires compacts, à pâte fine.
    • Kimméridgien inférieur ou "Séquanien"
      • calcaires oolithiques ou graveleux,
      • calcaires à pâte fine, parfois crayeux.
    • Kimméridgien supérieur ou "Kimméridgien"
      • calcaires le plus souvent compacts à pâte fine, sublithographiques, parfois plus ou moins dolomitiques, avec passées de calcaires oolithiques et/ou graveleux.
    • Portlandien
      • calcaires compacts, à pâte fine, sublithographiques et calcaires dolomitiques.

Les calcaires du Jurassique moyen forment un ensemble pratiquement continu d’une puissance totale pouvant atteindre 200 m.
Les calcaires du Jurassique supérieur sont encore plus épais mais souvent entrecoupés d’intercalations de marnes ou de calcaires argileux, notamment dans le Séquanien et le Kimméridgien.

Roches massives siliceuses (éruptives)
Les roches massives de nature siliceuse, appartiennent au socle hercynien qui affleure uniquement dans le massif de la Serre, au Nord de Dole. Elles sont représentées par des granites, des gneiss et des tufs (eurite), ces derniers étant les seuls exploités actuellement.

2.2.2. Matériaux pour ciment
Après la fermeture de l’usine de Champagnole, il ne reste plus qu’une cimenterie dans le département du Jura, la seule d’ailleurs, de la région Franche-Comté. Il s’agit de la cimenterie de Rochefort-sur-Nenon (Ciments d’Origny SA) à quelques kilomètres au Nord-Est de Dole. La carrière, qui jouxte l’usine, s’étend sur les communes de Rochefort-sur-Nenon et Chatenois.
Le gisement exploité est constitué par un ensemble de calcaires francs (faciès rauracien), et de calcaires plus ou moins argileux (calcaires hydrauliques du faciès argovien) recouvert par des limons argileux, formation superficielle d’âge quaternaire. Le ciment est fabriqué à partir d’un mélange de ces trois matériaux (calcaires francs et calcaires argileux en proportions à peu près équivalentes, 10% de limons argileux).
La carrière de Champagnole, aujourd’hui abandonnée, est ouverte dans les mêmes formations, les limons de couverture en moins.

2.2.3. Calcaires pour l’industrie chimique
La Société Solvay à Tavaux utilise pour la fabrication de ses produits des calcaires que l’on peut qualifier d’ordinaires, dont la principale caractéristique est une teneur élevée (supérieure à 90%) en carbonate de calcium (Ca CO3), ce qui est le cas pour la plupart des calcaires jurassiques de Franche-Comté.
Le gisement exploité, situé à proximité immédiate de l’usine, sur la commune de Damparis, est constitué par des assises calcaires du Jurassique supérieur appartenant au Kimméridgien inférieur (Séquanien), pour l’essentiel, et à l’Oxfordien supérieur (Rauracien), en fond de carrière.

2.2.4. Gypse ou "pierre" à plâtre
Le gypse, matière première pour la fabrication du plâtre et de produits moulés pour la construction, est exploité par la Société des Plâtrières de Grozon.
Le gisement exploité est situé dans la zone du Vignoble, à quelques kilomètres au Nord de Poligny, entre Grozon et Buvilly.
Les couches de gypse, exploitées souterrainement par galeries, sont interstratifiées dans les sédiments à dominante marno-dolomitique du Keuper supérieur représentant le Trias terminal. Un niveau principal, d’une dizaine de mètres de puissance, renferme des bancs massifs (1 à 2 m d’épaisseur) de gypse saccharoïde blanc ou rosé.

2.2.5. Pierres de construction et pierres ornementales
Il n’existe, dans le Jura, que deux carrières autorisées de pierres ornementales et de construction.

a) Carrière de Revigny
A Revigny, à 7 kilomètres au Sud - Sud-Est de Lons-le-Saunier, on exploite à ciel ouvert, sur quelques mètres d’épaisseur, des bancs calcaires appartenant au Bajocien inférieur (partie inférieure du Jurassique moyen). La production, faible, est en partie livrée sous forme de blocs bruts aux marbriers funéraires, et en partie taillée sur place.

b) Carrière de Chassal
Il s’agit d’une carrière souterraine à activité épisodique ouverte à flanc de coteau sur la commune de Chassal, à 8 km au Sud-Est de Saint-Claude.
Le niveau exploité, épais de 3 à 4 m, est un calcaire marbrier, pseudobréchique, diversement coloré, appartenant au Barrémien (Crétacé inférieur).

2.2.6. Argiles pour produits de terre cuite (tuiles et briques)
Dans le département du Jura, une seule usine exploite des argiles pour la fabrication de tuiles.
L’usine, installée à Commenailles, tire sa matière première de deux carrières situées, l’une, sur cette même commune, l’autre, sur la commune de Bois-de-Gand. Ces deux carrières exploitent des niveaux argileux appartenant aux formations plio-quaternaires de la Bresse, ensemble complexe constitué d’une alternance de sables, d’argiles et de marnes, parfois plus ou moins sableuses, les couches ayant un caractère lenticulaire.

2.3. Conditions de gisement

2.3.1. Roches meubles

a) Alluvions récentes
D’origine fluviatile, localisées dans le fond des principales vallées, elles sont constituées de granulats naturels roulés, sablo-graveleux, plus ou moins grossiers, avec des galets en proportions variables. Elles sont surmontées par des dépôts fins, limoneux ou argilo-sableux qui constituent la "découverte des gisements".
Les alluvions sablo-graveleuses sont généralement aquifères sur toute ou partie de leur épaisseur, et les nappes qu’elles recèlent sont recherchées et exploitées pour l’alimentation en eau potable des collectivités.
L’épaisseur des alluvions exploitables varie de quelques mètres à une douzaine de mètres. Des valeurs plus importantes peuvent se rencontrer mais elles sont très localisées, au droit de certains chenaux de surcreusement.
L’épaisseur des argiles et limons de couverture est le plus souvent comprise entre 0,50 m et 3 m, mais peut atteindre localement 5 m.

b) Alluvions fluvio-glaciaires
Constituées par des dépôts morainiques plus ou moins lavés et triés par les eaux de fonte des glaciers, elles sont généralement plus hétérogènes, hétérométriques et un peu plus argileuses que les alluvions récentes. Des intercalations essentiellement sableuses, à caractère lenticulaire n’y sont pas rares.
Leur puissance, très variable, dépasse localement 20 m sous une couche peu épaisse (le plus souvent inférieure à 1 m) de terre plus ou moins caillouteuse.
Les gisements sont en totalité ou en grande partie hors d’eau mais peuvent être parfois aquifères à la base, alimentant des petites sources (vallée de l’Ain) ou en continuité avec le réservoir des alluvions récentes qu’ils dominent (vallée de la Bienne).

c) Alluvions glaciaires (moraines)
Mal connues et pratiquement pas exploitées, leur hétérogénéité, leur grande hétérométrie et leur caractère très argileux (argile à blocs) leur enlèvent, a priori, tout intérêt en tant que ressource potentielle en granulats ou en eau potable.

d) Eboulis calcaires calibrés, ou groises
Ils forment des bandes étroites sur les versants, au pied de certains escarpements calcaires. Leur mode de dépôt explique les variations d’épaisseur importantes (0 m à 20/30 m) et très rapides dans le sens perpendiculaire au versant.

e) Argiles à tuiles
Les argiles des formations plio-quaternaires de la Bresse, exploitées pour la fabrication des tuiles, sont interstratifiées dans un complexe sédimentaire constitué de limons, d’argiles, de sables, de cailloutis, avec tous les intermédiaires. Les variations de faciès sont fréquentes et très rapides tant verticalement qu’horizontalement. Les couches argileuses, homogènes, sont peu épaisses et ont un caractère lenticulaire, ce qui rend difficile la localisation et la recherche de gisements exploitables et, partant, l’évaluation des ressources potentielles.

2.3.2. Roches massives

a) Roches massives calcaires
Les calcaires sont des roches sédimentaires, stratifiées en bancs d’épaisseur variable, et présentent différents faciès. Le grain peut être plus ou moins grossier (calcaires oolithiques, calcaires à entroques) ou, au contraire, très fin (calcaires sublithographiques et lithographiques). Ils sont tantôt compacts, durs et résistants, tantôt plus ou moins poreux, parfois d’aspect crayeux et sont alors sensibles au gel. Il en résulte que les caractéristiques géotechniques des granulats fabriqués à partir de roches calcaires sont très inégales.
Les séries calcaires sont épaisses de plusieurs dizaines de mètres, mais, dans une même formation, les variations de faciès sont fréquentes, tant verticalement que latéralement ; le calcaire est parfois pollué par des impuretés argileuses diffuses dans la masse (calcaires argileux), ou sous forme d’intercalations (marno-calcaires utilisés en cimenterie).
La découverte, souvent limitée à quelques décimètres de terre végétale, peut, localement, être beaucoup plus importante, sous forme d’argiles résiduelles de décalcification, en rapport avec les phénomènes de karstification.

b) Roches massives siliceuses
Les roches massives siliceuses, cristallines et éruptives strictement localisées dans la forêt de la Serre, comportent un granite des plus communs, des gneiss et une roche particulière d’origine éruptive (tuf pyroclastique) appelée "Eurite". Le granite et les gneiss sont altérés sur une épaisseur importante et seule l’Eurite est exploitée pour fabriquer des granulats d’excellente qualité, à usage routier principalement.
Le gisement unique est situé en bordure nord-ouest du massif cristallin de la Serre où il forme une bande étroite, longue d’une dizaine de kilomètres, d’une largeur variant de 50 m à 500 m. L’épaisseur maximale de la formation est mal connue mais dépasse localement 15 m.

c) Gypse
Le gypse exploité au Nord de Poligny se présente en couches d’épaisseur variable, interstratifiées dans une série marno-dolomitique du Keuper supérieur. Le gisement comporte sous plusieurs dizaines de mètres de couverture deux couches de gypse épaisses de 1,80 m à 3,80 m, séparées par 2,5 m de terrains stériles (marnes et dolomies).
L’épaisseur importante des terrains de couverture nécessite une exploitation en souterrain, la méthode adoptée étant celle des chambres et piliers.

d) Pierres de construction et ornementales
Les deux carrières de pierres de construction et ornementales autorisées dans le département du Jura, sont de faible envergure et exploitent des niveaux calcaires peu épais, présentant une bonne aptitude à la taille ("Pierre du Jura") ou susceptibles de prendre le poli (calcaire marbrier). Dans les deux cas, les couches utiles sont interstratifiées dans des séries calcaires épaisses de plusieurs dizaines de mètres.

  • La "Pierre du Jura", extraite à Revigny près de Lons-le-Saunier, est constituée par un calcaire organo-détritique, stratifié en bancs réguliers subhorizontaux, épais d’une quarantaine de centimètres, appartenant au Bajocien.
  • La carrière de Chassal, près de Saint-Claude, exploite deux bancs subhorizontaux superposés, épais chacun de 1,40 m de calcaire bréchique dur appartenant au Barrémien (Crétacé inférieur). Il s’agit d’un calcaire marbrier connu sous le nom de "Brocatelles de Molinges" : brocatelle jaune (banc supérieur) et brocatelle violette (banc inférieur). Cette carrière n’a pas produit en 1993.

2.4. Conditions générales d’exploitation

2.4.1. Carrières de granulats

90% des carrières autorisées sont des carrières de granulats pour lesquelles les conditions d’exploitation sont très différentes selon qu’il s’agit de matériaux meubles ou de roches massives.
Les gisements de matériaux meubles sont facilement accessibles et s’exploitent aisément avec différents types de matériels de terrassement ou de dragage, l’extraction se faisant en grande partie dans l’eau, du moins en ce qui concerne les alluvions récentes des rivières.
Pour exploiter les roches massives, généralement hors d’eau, il est nécessaire d’utiliser l’explosif et de disposer d’un matériel plus puissant et plus lourd, notamment en ce qui concerne les installations de concassage. Selon l’épaisseur du gisement, l’extraction se fait en un ou plusieurs gradin(s).
Du point de vue impact sur l’environnement, chacun des deux types de gisement présente des avantages et des inconvénients :

  • Les gisements se présentant sur des épaisseurs limitées, parfois très faibles dans les gravières en nappe alluviale, l’emprise au sol y est beaucoup plus forte que dans les carrières de roches massives. A l’inverse, l’impact paysager y est plus faible, surtout lorsqu’une végétation arbustive existante est maintenue, alors que les parois rocheuses, sur de grandes hauteurs, sont plus difficiles à dissimuler à court et moyen termes. La fréquente lenteur de l’extraction et celle du vieillissement du matériau, accentuent ces inconvénients.
  • Les gravières se créent le plus souvent au détriment de terres agricoles de valeur économique ou agronomique assez élevée, mais de valeur écologique parfois faible ou nulle. Les carrières de roches calcaires, par contre, couvrent et détruisent des territoires généralement abandonnés par l’agriculture, qui présentent de plus en plus souvent une valeur écologique forte à exceptionnelle.
  • Les terrasses ou cônes d’épandage d’alluvions fluvio-glaciaires dominent généralement les basses plaines alluviales et sont, de ce fait, plus sensibles du point de vue paysager.

Par ailleurs, on connaît bien les problèmes, sources de conflit permanent, liés à la double utilité des alluvions fluviatiles qui constituent à la fois un réservoir d’eau potable souterrain très sollicité, devant être protégé, et un réservoir de granulats tout aussi important et sollicité.
Les nuisances dues au bruit et aux poussières (tirs de mines, transport, concassage) sont globalement plus importantes dans les carrières de roches massives que dans les gravières où les matériaux sont naturellement humides et où l’on dispose, sur place, de l’eau nécessaire au lavage des granulats.
Les exploitations de matériaux dans les basses plaines alluviales aboutissent généralement à la création de plans d’eau qui, du point de vue réaménagement, offrent de nombreuses possibilités, notamment au niveau des activités de loisirs à vocation aquatique (baignade, planche à voile, pêche, réserve naturelle…) ou écologique ; la recolonisation par des espèces pionnières y est assez rapide. Pour les carrières de roches massives, la revégétalisation des fronts de taille et le reboisement, solution souvent envisagée, est délicate à mettre en oeuvre dans la pratique, du fait, notamment, de la faible quantité de terre végétale disponible. En revanche, si la recolonisation spontanée y est lente, les anciennes carrières évoluent fréquemment vers des milieux naturels d’une grande diversité et d’une grande richesse, pour peu que leurs configurations et leurs réaménagements y soient favorables.

2.4.2. Carrières de matériaux à usage industriel

  • Les calcaires à ciment ou à chaux (pour l’industrie chimique) s’exploitent de la même manière que les roches massives pour granulats.
  • Les argiles (pour tuiles), du fait de leur imperméabilité, ne sont pas aquifères mais les carrières sont exposées aux ruissellements sur les parois et l’eau peut s’accumuler dans le fond des excavations si les conditions de drainage sont mauvaises. En tout état de cause, l’extraction ne peut se faire qu’en saison sèche, avec des engins de terrassement courants.
  • Lorsque l’épaisseur de la couche utile est faible en regard de celle des terrains de couverture, il est nécessaire de recourir à l’exploitation souterraine (gypse, calcaire marbrier de Chassal). La méthode adoptée est celle des chambres et piliers.

2.5. Principales caractéristiques des matériaux pour granulats

Dans ce paragraphe on ne traitera que des roches exploitées pour les granulats, ceux-ci ayant des domaines d’utilisation différents suivant leurs caractéristiques.

2.5.1. Matériaux meubles

  • Les alluvions d’origine fluviatile ou fluvio-glaciaire sont naturellement lavées et ne renferment qu’une faible proportion de fines argileuses ou limoneuses. Leur composition pétrographique dépend de la nature des roches constituant le bassin versant.
    Ainsi, les alluvions récentes de l’Ognon, issues en grande partie du démantèlement des roches du socle vosgien, sont de nature siliceuse, de même que les alluvions plio-quaternaires apportées par des cours d’eau issus des Alpes.
  • Les alluvions du Doubs, de la Loue et de la Seille sont silico-calcaires et résultent d’un mélange d’éléments calcaires jurassiens et d’éléments siliceux issus des Vosges (Doubs, en amont de Dole) ou provenant du remaniement des dépôts plio-quaternaires. Généralement, les matériaux à prédominance calcaire à la partie supérieure, deviennent de plus en plus siliceux en profondeur.
  • Les alluvions récentes de l’Orain, issues en grande partie du remaniement des dépôts plio-quaternaires sur lesquels elles reposent, sont essentiellement siliceuses.
  • Les alluvions de la Bienne, ainsi que les alluvions d’origine fluvio-glaciaire sont calcaires, ces dernières étant moins roulées que les alluvions des rivières.

De par leur mode de formation, les alluvions sont constituées par des éléments de roches les plus dures ayant résisté à l’usure et à l’altération au cours des différentes phases (démantèlement des roches mères, transport, sédimentation) de la genèse de ces dépôts. C’est ce qui explique leurs bonnes caractéristiques géotechniques.
Les éboulis calibrés ou "groises" résultent de la désagrégation sous l’action du gel, des falaises calcaires au pied desquelles ils se sont accumulés. N’ayant pas subi de transport, les éléments sont anguleux, emballés dans une matrice plus ou moins argileuse.

2.5.2. Roches massives calcaires
Dans le département du Jura, les calcaires peuvent être regroupés en deux grands ensembles en fonction de leur faciès, de leurs caractéristiques géotechniques moyennes et de leur situation géographique :

  • les calcaires à dominante dure, représentés généralement par des roches compactes à pâte fine, sublithographique :
    • Jurassique moyen (Bathonien) des secteurs de Dole, du Revermont et des premiers plateaux du Jura,
    • Jurassique supérieur (Kimméridgien et Portlandien) des secteurs de Dole, des Hauts plateaux et de la Haute Chaîne du Jura.
  • les calcaires à dominante moyennement dure :
    • Jurassique moyen (Bajocien) des secteurs de Dole, du Revermont et des premiers plateaux du Jura.

Moins homogènes que les précédents, ils présentent différents faciès durs à moyennement durs mais peu ou pas gélifs.

2.5.3. Roches massives siliceuses (éruptives)
La formation ("Eurite") exploitée dans le massif de la Serre est une roche très dure, très résistante à l’usure, possédant des caractéristiques géotechniques excellentes.
Le tableau de la figure 2, tiré de la synthèse départementale des exploitations de carrières du Jura, réalisée en 1987, donne pour chacune de ces catégories de roches, meubles et massives, les valeurs :

  • de la résistance au choc (essai Los Angelès = LA)
  • de la résistance à l’usure (essai Micro Deval en présence d’eau = MDE),
  • du coefficient de polissage accéléré = CPA,

ainsi que les domaines d’utilisation des granulats pour les assises de chaussées et de couches de roulement (norme NFP 18 101).
On notera que seule la roche massive éruptive du massif de la Serre donne des granulats de classe A.

2.6. Domaines d’utilisation des matériaux

2.6.1. Granulats
Les deux grands domaines d’utilisation des granulats sont les bétons hydrauliques et la viabilité (routes, VRD).

  • Les alluvions de nature siliceuse (alluvions récentes de l’Ognon, cailloutis plioquaternaires de la Bresse) catégorie B à C possèdent de bonnes caractéristiques géotechniques qui permettent leur utilisation aussi bien pour la fabrication des bétons qu’en technique routière, pour la réalisation des différentes couches de chaussées sauf les enduits superficiels, trafic important.
  • Les alluvions calcaires ou silico-calcaires fluviatiles ou fluvio-glaciaires (catégorie C) sont utilisables pour la fabrication des bétons et la confection des chaussées : couches de fondation et de base, tout trafic.
  • Les éboulis de type groise ne sont utilisables qu’en tout-venant pour les remblais courants.
  • Les calcaires durs (catégorie C) à moyennement durs (catégorie D) conviennent à la plupart des usages routiers : couche de forme, couche de fondation, couche de base pour routes à trafic moyen, ainsi qu’à la fabrication des bétons. En revanche, elles sont généralement inutilisables pour les couches de roulement car elles n’ont pas un CPA (coefficient de polissage accéléré) suffisamment élevé.
  • Les calcaires les moins durs (catégorie E) sont utilisables en remblai ou en couches de chaussées dans certaines conditions, avec ou sans traitement, à définir suivant l’importance du trafic. On peut les employer également dans les bétons, sauf certains bétons à haute performance (la résistance à la compression du calcaire devant être au moins égale à celle du béton).
  • Les roches massives siliceuses d’origine éruptive, du type "Eurite" de la Serre (catégorie A), donne les granulats les plus durs et les plus résistants (notamment à l’usure) que l’on puisse trouver dans la région et conviennent à tous les usages : bétons, toutes couches de chaussées y compris bétons bitumineux et enduits superficiels, ballasts SNCF…
    Les utilisations possibles des granulats produits dans le département du Jura, selon leur qualité, en technique routière et pour la fabrication des bétons sont présentées en détail dans l’annexe 2.

2.6.2. Pierres de construction
La "Pierre du Jura", extraite à Revigny, est en partie livrée en brut, pour les marbriers funéraires, en partie taillée sur place.
Les "Brocatelles de Molinges", de la carrière de Chassal, sont extraites sous forme de blocs pour monuments funéraires, tranches sciées, et carreaux…

2.6.3. Industrie

  • Les argiles des formations plio-quaternaires de la Bresse, exploitées à Commenailles et à Bois-de-Gand, sont utilisées en mélange pour la fabrication de tuiles.
  • Le calcaire de la carrière de Damparis est utilisé pour fabriquer de la chaux, à usage chimique.
  • Le gypse extrait au Nord de Poligny sert à fabriquer du plâtre en vrac ou en sac, des carreaux de plâtre, colles et enduits. Une partie de la production est simplement concassée et livrée sans transformation aux cimenteries.
  • La cimenterie de Rochefort-sur-Nenon fabrique son ciment à partir d’un mélange de limons argileux, de calcaires argileux et de calcaires, ces trois composants étant présents en superposition dans la carrière (limons quaternaires, calcaire argileux de l’"Argovien", calcaire du "Rauracien").

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