Les réseaux karstiques : des études approfondies

Historiquement, les seules observations sur ces phénomènes essentiellement souterrains furent celles des spéléologues qui interprétèrent le karst comme un ensemble de "tuyaux" où les eaux circulaient à grande vitesse. Les premières colorations du début du siècle confirmèrent cette hypothèse et firent prendre conscience aux pouvoirs publics des dangers encourus par les populations par la consommation de ces eaux qui pouvaient être contaminées par des rejets sauvages dans les gouffres.

Durant les années 70, les travaux d’Alain Mangin notamment ont montré toutes les informations pouvant être tirées d’une analyse approfondie du signal pluie et de sa répercussion sur les débits des sources : c’est l’approche systémique.
À la même époque, les analyses systématiques du TRITIUM sur les eaux des sources ont permis de conclure que ces eaux apparemment récentes avaient un âge moyen compris, selon les secteurs, entre 5 et 25 ans !

À présent, le karst est vu comme un système de drainage hiérarchisé où cohabitent des drains transmissifs, à circulation rapide, et des systèmes annexes de drainages capacitifs (SAD).
On comprend ainsi que les études de ces systèmes soient longues et doivent faire appel aux informations fournies par la géologie et les colorations mais aussi s’appuyer sur la mesure des débits en continu et leur analyse dans l’établissement du bilan hydrologique.

Le Massif du Jura est le support de nombreuses études et programmes de recherches : études conduites dans le cadre des outils de gestion de l’eau, Observatoire Jurassic Karst de la Zone Atelier de l’Arc Jurassien, démarches d’investigations menées par le Groupement pour l’Inventaire, la Protection et l’Étude du Karst du Massif Jurassien.

Depuis une dizaine d’années, l’essentiel des études réalisées porte sur la connaissance du fonctionnement hydrogéologique des Aires d’Alimentation de Captages (AAC) et des périmètres réglementaires.

Les eaux issues des systèmes karstiques demeurent extrêmement vulnérables et nécessitent une vigilance particulière de la part de tous les acteurs : administration, collectivités, industriels et agriculteurs.

Toutefois, cette vulnérabilité présente en contrepartie certains caractères positifs :

• élimination rapide des pollutions accidentelles ;
• amélioration rapide de la qualité de l’eau à l’exutoire à la suite de changements dans les pratiques ;
• nette différence de qualité entre les périodes d’étiage (eaux anciennes) et les périodes de crues (eaux jeunes).