Les ressources stratégiques en Bourgogne-Franche-Comté

En Bourgogne-Franche-Comté, 70 à 80 % de l’Alimentation en Eau Potable (AEP) est issue des ressources souterraines. Le changement climatique menace de plus en plus ces ressources, les épisodes de sécheresse devenant plus fréquents et intenses. En 2023, 235 000 habitants de la région ont connu des problèmes d’approvisionnement en eau (source : INSEE). Pour garantir l’accès à l’eau potable pour le futur, des ressources dites stratégiques ont été identifiées sur l’ensemble de la région Bourgogne-Franche-Comté.

1) Qu’est-ce qu’une ressource stratégique ?

La Directive Cadre sur l’Eau (DCE) impose aux états membres de l’Union européenne d’assurer la préservation des ressources en eau destinées à l’AEP. Pour y parvenir, les Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) des trois bassins (Loire-Bretagne, Rhône Méditerranée, Seine-Normandie) ont notamment introduit la notion deressource stratégique. C’est une masse d’eau souterraine qui est utilisée ou sera utilisée dans le futur pour l’AEP. Différents critères doivent être respectés pour qualifier une ressource de stratégique :

• Les états chimique et quantitatif doivent être bons.
• Leur situation doit permettre une distribution efficace auprès de la population.

Avec le changement climatique, les ressources en eaux deviennent plus vulnérables, les épisodes de sécheresse s’intensifient et les réserves diminuent. Il est important de préserver ces ressources qualitativement et quantitativement. Des plans d’action sont recommandés sur leurs zones de sauvegarde pour concilier l’aménagement du territoire, le développement économique, tout en les préservant.

2) Quelles sont les ressources stratégiques en Bourgogne-Franche-Comté ?

En Bourgogne-Franche-Comté, 38 masses d’eau souterraines ont été identifiées au sein desquels 252 ressources stratégiques ont été délimitées dont 245 sur le bassin Rhône Méditerranée, 6 sur le bassin Loire-Bretagne et 2 sur le bassin Seine-Normandie.

La Bourgogne-Franche-Comté a la particularité d’être située sur trois bassins hydrographiques qui sont gérés par les agences de l’eau suivantes : Seine Normandie, Loire Bretagne et Rhône Méditerranée. Dans chaque bassin, les ressources stratégiques ont été définies et délimitées par l’ensemble des acteurs locaux (services de l’état, agences de l’eau, maîtres d’ouvrage, …).

• Bassin Loire Bretagne :

Pour le bassin Loire Bretagne, les ressources stratégiques sont des Nappes à réserver pour l’Alimentation en Eau Potable (NAEP) (appellation SDAGE 1996).

Il s’agit de masses d’eau souterraines entièrement captives et qui sont déjà utilisées pour l’eau potable dans d’autres départements (exemple : le Cher, le Loiret). Seules les parties les plus productives sont classées NAEP.

Sur la région Bourgogne-Franche-Comté, 5 NAEP sont présentes :

-  Calcaires du Dogger
-  Calcaires du Jurassique supérieur
-  Lias captif
-  Trias captif
-  Albien captif

• Bassin Rhône Méditerranée :

Pour le bassin Rhône Méditerranée, les ressources stratégiques à préserver sont des parties de masses d’eau souterraines captives ou libres. Il existe deux types de ressources stratégiques :

• Les ressources stratégiques déjà exploitées.
• Les ressources stratégiques peu ou pas encore sollicitées. Elles ont néanmoins un fort potentiel à être exploitées dans le futur.

Il y a 30 masses d’eau souterraines pour lesquelles 245 ressources stratégiques sont délimitées en Bourgogne-Franche-Comté.

• Bassins Seine Normandie :

Pour le bassin Seine Normandie, les ressources stratégiques sont des nappes d’eau stratégiques à réserver pour l’alimentation en eau potable future. Ce sont des masses d’eau ou des parties de masses d’eau souterraines qui ne sont pas nécessairement captives. Certaines masses d’eau sont identifiées comme susceptibles d’être stratégiques dans l’attente d’analyses complémentaires.

Deux ressources stratégiques sont présentes sur la région Bourgogne-Franche-Comté.

3) Comment préserver les ressources stratégiques ?

Il est nécessaire que les ressources stratégiques soient en bon état chimique afin d’éviter les besoins de traitements pour que l’eau soit potable. Le bon état quantitatif doit également être maintenu pour assurer l’approvisionnement en eau potable. Pour y parvenir, il faut agir en délimitant en surface des zones dites de sauvegarde.

• Les zones de sauvegardes

Les zones de sauvegarde ont pour objectif de protéger les ressources stratégiques et ainsi d’assurer l’AEP actuelle ou future. Elles nécessitent des actions spécifiques sur les prélèvements et leur protection contre diverses pressions. Sur les territoires couverts par un Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE) la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (loi Climat et Résilience) impose à la Commission Locale de l’Eau de délimiter des zones de sauvegarde. En dehors des territoires couverts par un SAGE, les services de l’état et acteurs associés viennent en appuie des acteurs locaux pour délimiter des zones de sauvegarde sur leurs ressources stratégiques.

Elles peuvent être :

-  Des terrains en surface participant à la recharge des ressources stratégiques ;
-  Des terrains en surface où des prélèvements peuvent être réalisé pour l’AEP ;
-  Des parties de ressource souterraine projetées en surface.

Sur le bassin Rhône Méditerranée, il existe deux types de zone de sauvegarde :

• Les Zones de Sauvegardes Exploitées (ZSE) ;
• Les Zones de Sauvegarde Non Exploitées Actuellement (ZSNEA).

Sur le bassin Loire-Bretagne, toutes les NAEP sont classées zones de sauvegarde à réserver dans le futur pour l’alimentation en eau potable (appellation SDAGE 2022).

Sur le bassin Seine-Normandie, le terme zone de sauvegarde pour le futur est utilisé pour désigner ces zones protégées.

• Stratégies de préservation mises en place sur les zones de sauvegarde

Les zones de sauvegarde contribuent à développer un urbanisme durable en améliorant les projets déjà existants et en adoptant une approche préventive pour les projets futurs. L’objectif est de mettre en place des actions en agissant sur l’occupation du sol et en encadrant certaines activités pour garantir un accès à l’eau potable en qualité et en quantité suffisante.

Par exemple, les actions suivantes peuvent être mises en œuvre :

4) Pour aller plus loin : IDéO Bourgogne-Franche-Comté

IDéO Bourgogne-Franche-Comté est un portail régional de la donnée et de la connaissance accessible librement à l’adresse https://ideo.ternum-bfc.fr/.

Il a pour vocation de recenser et partager l’ensemble du patrimoine de données existant à l’échelle régionale. Les informations contenues dans le portail sont de deux types : des données (géographiques, statistiques, ouvertes ou restreintes) et des documents (études, rapports…).

Les données de la thématique « ressource stratégique » sont consultables sur la carte eau souterraine DREAL BFC. Dans l’onglet « préservation de la ressource en eau » sont disponibles la cartographie des ressources stratégiques et zones de sauvegarde associées, les fiches synthétiques et les rapports d’étude pour chaque ressource. Pour accéder à ces documents, il suffit de cliquer sur la ressource stratégique ; une boîte de dialogue s’ouvre avec les liens correspondants.

5) Quels sont les principaux systèmes hydrogéologiques en Bourgogne-
Franche- Comté ?

En Bourgogne-Franche-Comté, trois principaux systèmes hydrogéologiques permettent la présence de ressources stratégiques : les nappes du bassin parisien, les nappes des aquifères karstiques et les nappes alluviales.

• Les nappes du bassin parisien

Une partie de la région Bourgogne-Franche-Comté est situé dans le bassin parisien. Le bassin parisien est constitué d’une succession de formations géologiques qui se sont mises en place du secondaire au tertiaire. Ces dernières se sont formées avec l’arrivée de la mer de l’ouest vers l’est sous un climat chaud et humide, entraînant la mise en place d’un long épisode de sédimentation marine.

L’organisation verticale des couches peut être comparée à un empilement d’assiettes. A la surface, les formations géologiques s’organisent en auréoles concentriques autour de Paris. La lithologie (nature de la roche) est très variée avec des roches plus ou moins perméables : marnes, argiles, calcaires, craie, sables, grès.

Les ressources stratégiques sont contenues dans les couches perméables encadrées au-dessus et en dessous par des couches semi-perméables à imperméables. Les couches semi-perméables favorisent l’écoulement et la filtration de l’eau.

La disposition des couches en assiettes du bassin parisien permet de distinguer deux types de nappes :

-  Nappe captive : aquifère profond protégé par les couches sus-jacentes offrant une protection naturelle vis-à-vis des activités en surface.
-  Nappe libre : aquifère superficiel plus vulnérable aux pressions anthropiques.

De plus, le faible pendage (inclinaison) des couches du bassin parisien permet à l’eau de s’écouler lentement dans l’aquifère, ce qui assure une recharge continue et durable.

Les aquifères sont rechargés au niveau des parties affleurantes. Le climat tempéré et humide au niveau du bassin parisien permet une recharge régulière.

• Les systèmes karstiques

La présence de formations karstiques est importante en Bourgogne-Franche-Comté.

Les paysages karstiques se forment en présence de roches pouvant être dissoutes par l’eau. En Bourgogne-Franche-Comté, il s’agit principalement des calcaires dans lesquels des réseaux complexes de conduits se sont formés par un processus de dissolution. La présence de craies karstifiées est également observée dans l’ouest du département de l’Yonne.

Les structures karstiques sont très hétérogènes avec :

• La zone non saturée ou épikarst : c’est la zone où le calcaire est le plus altéré entraînant la formation de fissures. C’est une zone de recharge du système karstique.
• La zone saturée : lorsque le calcaire est moins altéré et par conséquent moins
  perméable, l’eau peut s’écouler dans des rivières souterraines vers l’exutoire (drains). Des zones capacitives (systèmes annexes) avec un grand potentiel de stockage sont présentes latéralement aux drains et à proximité de l’exutoire.

  

Les ressources stratégiques contenues dans les systèmes karstiques sont plus vulnérables car l’eau est peu filtrée. Dans les drains, on observe des vitesses d’écoulement élevées à très élevées (100 m/h en moyenne) avec un temps de séjour court permettant un renouvellement de l’eau régulier. Ainsi, les problèmes liés à une pollution accidentelle, un épisode de sécheresse ou une surexploitation de la ressource sont rapidement atténués. Dans le reste du réservoir, l’eau s’écoule plus lentement dans la matrice calcaire à l’origine d’un temps de renouvellement de l’ensemble de la ressource qui peut aller jusqu’à trente ans.

• Les nappes alluviales

En Bourgogne-Franche-Comté, les ressources stratégiques sont également contenues dans les nappes alluviales qui accompagnent les grands cours d’eau (l’Yonne, la Saône, le Doubs et l’Ognon). Elles sont situées à une faible profondeur dans les alluvions et sont généralement libres.

Il existe une relation entre la nappe et le cours d’eau. Par conséquent, une pollution dans le cours d’eau peut rapidement se propager dans la nappe. La vulnérabilité de ces nappes dépend directement de la qualité du cours d’eau sus-jacent et de la nature de l’aquifère.

En période de crue, la nappe est alimentée par le cours d’eau, à l’inverse, en période d’étiage, c’est le cours d’eau qui est alimenté par la nappe. De plus, des eaux météoriques s’infiltrent sur l’impluvium de la nappe contribuant également à sa recharge.

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Annexe 1 : Masses d’eau au sein desquelles sont délimitées les ressources stratégiques en Bourgogne-Franche-Comté.