Rencontre annuelle de SIGOGNE et du SINP en BFC

L’univers cosmique du Planétarium du Jardin de l’Arquebuse de la Ville de Dijon a servi de cadre à cet événement qui a rassemblé 60 participants. Il était organisé par la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL BFC) en étroite collaboration avec l’Agence Régionale de la Biodiversité (ARB BFC). 

En Bourgogne-Franche-Comté, la plateforme de géoservices pour la biodiversité Sigogne, habilitée plateforme régionale SINP, assure la consolidation et la valorisation des données naturalistes à destination des acteurs de l’aménagement et de la gestion du territoire, de la conservation de la biodiversité, de la nature et des paysages.

Depuis 2021 a lieu annuellement la rencontre de la plateforme régionale SINP pour faire le point et échanger entre acteurs du territoire, utilisateurs de la plateforme et producteurs de données sur les dynamiques en cours.

La dernière rencontre annuelle s’est tenue le 7 mars 2024 au jardin de l’Arquebuse à Dijon pour une matinée sur le thème «  La donnée de biodiversité, on en parle  » qui a réuni une soixantaine de personnes d’horizons variés  : collectivités (communauté de communes du Val de Gray, Ville de Dijon, Métropole de Dijon, Conseil départemental de Saône-et-Loire, Région Bourgogne-Franche-Comté), la DREAL BFC, des établissements publics ou GIP (ONF, OFB, Observatoire de l’environnement de Bretagne, ARNia, ARB), des bureaux d’étude (Biotope, SAB EnR), des gestionnaires d’espaces naturels (association de la RN du Lac de Remoray, Parc national de Forêts), des chefs de file (CBNBP, CBNFC-ORI, CEN Bourgogne, CPEPESC, LPO BFC, SHNA-OFAB), des associations (Société entomologique de Dijon, Association pour la défense du patrimoine et du paysage de la vallée de la Vingeanne), le Jardin de l’Arquebuse, le Muséum d’histoire naturelle de Dijon, l’Université de Bourgogne, le PNR du Doubs Horloger et SNCF Réseau.
La demi-journée s’est déroulée en deux temps  : une plénière et des ateliers participatifs.

La plénière

L’ouverture de la plénière a été réalisée par Agnès Fougeron (Jardin de l’Arquebuse, Dijon), Antoine Sion (Dreal), Anne-Laure Borderelle (OFB), et Luc Terraz (ARB BFC).

La session plénière a été l’occasion de poser le cadre de la demi-journée et de donner aux participants les clés de compréhension nécessaires à l’amélioration de la prise en compte de la biodiversité dans les politiques publiques.
La DREAL a présenté le cadre de la feuille de route triennale du SINP, en lien avec le renouvellement de l’habilitation de la plateforme Sigogne. L’ARB a ensuite fait un bilan des tous les déploiements de fonctionnalités et des formations utilisateurs intervenus depuis un an ou programmés en 2024.

Les ateliers

Dans un second temps, les participants ont suivi des ateliers de partage d’expériences, d’échanges entre acteurs du territoire, utilisateurs et producteurs de données dans l’objectif de renforcer les outils de la plateforme et contribuer à améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les politiques publiques.

Les 4 ateliers ont permis d’avancer sur des thématiques différentes  :

1. La plateforme de géoservices vue par ses utilisateurs

Trois retours d’expérience se sont succédés pour témoigner des usages de Sigogne  : Clément Cordier et Aurélien Trioux (bureau d’études Biotope), Laurent Gaillard (OFB 39), Clarisse Courty et Olivier Boujard (DREAL).

L’outil Synthèses est privilégié par le bureau d’études, il donne accès à une information riche (statuts des espèces) filtrable et exportable en tableau. Des améliorations seraient attendues sur la fréquentation des zones interrogées par les espèces (période de présence), et sur la possibilité d’analyser rapidement les détails d’une synthèse globale (plusieurs communes) sans recourir à la synthèse de chaque commune. Une attente également sur la fluidification de la circulation des données entre le dépôt de la données et sa disponibilité. Un usage des données localisées serait pertinent pour un BE afin de prévenir un client de la forte complexité de son projet et d’éclairer sa décision.

La DREAL utilise la plateforme de géoservices pour les pré-cadrages des dossiers de dérogation espèces protégées, pour l’instruction et les contrôles. L’instruction de ces dossiers fait également appel à des informations issues d’études (corridors de migration, noyau de population de Milan royal…). La prise en compte de ce type d’information sur la plateforme serait à étudier.

L’OFB a présenté une utilisation de données d’espèces pour protéger des habitats qui n’ont pas de protection réglementaire comme les haies. Les agents recourent à l’outil Synthèses pour des enjeux modérés et ont besoin des données localisées pour un enjeu très précis. Les données sont filtrées par date, statuts, espèces inféodées à l’habitat. Une amélioration de l’exploitation des données localisées par une synthèse adaptée éviterait de recourir à des expertises extérieures.

2. Décrire ses lots de données pour améliorer leur compréhension et leur utilisation

Après un petit tour d’horizon par l’ARB des différentes notions de base des métadonnées, depuis le protocole de terrain jusqu’à la validation, lors du visionnage d’un film réalisé par PatriNat, les participants se sont familiarisés avec le nouvel outil de saisie des fiches de métadonnées.

Bien que familiarisés avec la notion de métadonnées, les participants ont pu améliorer leur compréhension sur les particularités des métadonnées naturalistes. Au-delà des aspects techniques, les participants ont bien compris l’importance de la valorisation des métadonnées par exemple par la réalisation d’indicateurs de suivis plus poussés.

Après avoir montré comment les métadonnées étaient accessibles, l’ARB a partagé plusieurs pistes de valorisation envisageables dans l’interface.

Plusieurs exemples de mise en place de filtres ont ensuite été proposés par des participants permettant ainsi d’améliorer les usages, dont par exemple la mise en place de filtres dans le catalogues des métadonnées.

3. Où en est-on sur la réglementation sur le partage et la diffusion des données ?

Sur la base de retours d’expérience et d’échanges, l’atelier a abordé la diffusion des données de l’inventaire du patrimoine naturel, en lien avec la politique d’ouverture des données publiques et le RGPD* tout en prenant en compte la sensibilité des espèces. 

Silvère Camponovo du CBNBP a d’abord fait un rappel sur la réglementation, la Loi pour une république numérique (loi Lemaire 2016) qui détaille l’obligation légale de diffuser les données ou au moins la rendre accessible. Elle indique que tout financement public d’une action, quel que soit sa part, impose un droit d’accès aux données par le public. Avec le Schéma métier SINP 2022, la diffusion devient la règle pour les données naturalistes. La sensibilité étant appliquée par les plateformes et non à la source. Par ailleurs, le RGPD institut la protection des données personnelles basée sur le consentement et la garantie de rétractation sans traces doit être assurée par l’opérateur. Il est rappelé que le cadre réglementaire précise que si les observations se font dans le cadre de fonds publics, il y a obligation de transmettre sans floutage. Par contre un propriétaire peut demander à ce que son adresse n’apparaisse pas. C’est l’exception légale qui permet le floutage.

A partir de 2020 le CBNBP s’engage dans l’Opendata, avec un Postulat  : ce n’est plus la donnée qui compte mais l’expertise. Ouvrir l’accès à la donnée c’est permettre une large diffusion et une utilisation facilitée pour la recherche, les services en charge de la préservation.

Les échanges ont porté sur le floutage des localisations d’observations, sur l’anonymisation, sur la pseudonymisation, et sur le lien entre Opendata et expertise.

Plus globalement : Il est soulevé le risque d’un écart fort entre réalité de terrain et obligations réglementaires. Le cas des données chiroptères dans les habitations est notamment évoqué.

Déterminer si l’open-data participe à la préservation de la biodiversité, reste une question prégnante.

Un Groupe de travail va être initié en 2024 sur la circulation des données et les pistes pour mettre en place l’ouverture des données en BFC.

* Règlement Général sur la Protection des Données

4. Quelle valorisation pour les données de Sciences Participatives, de DEPOBIO et des données de la plateforme nationale ?

Sur la base de trois retours d’expériences pour témoigner de différents dispositifs de sciences participatives mis en place en BFC, les échanges ont ensuite porté sur les moyens nécessaires pour assurer le contrôle de fiabilité des données et sur les besoins de valorisation des données en provenance de plateformes nationales.

Nicolas Varanguin (SHNA) a présenté une enquête menée en 2023 avec le CBNFC-ORI sur l’Argiope frelon. Le bilan est positif en termes de participation, il est noté l’importance de faire un retour rapide auprès des contributeurs et de valoriser ces données. Les données sont valorisées dans des atlas, ou parfois dans des études de TVB (zones de collision). Est mise en avant la difficulté d’un dispositif régional porté par deux structures avec chacune leur outil de saisie.

Mathieu Robert (LPO BFC) a ensuite fait une présentation de l’enquête «  oiseaux des jardins  » qui se déroule chaque année sur deux weekends en janvier et mai. Des comités de validation sont mis en place en région pour faire face au grand nombre de données à contrôler. L’accent est mis sur l’importance de valoriser ces données par de la communication auprès des contributeurs pour les fidéliser.

Agnès Fougeron et Maryline Charlot-Barré (Jardin de l’Arquebuse, Métropole de Dijon) ont présenté les nombreux projets participatifs qui sont mis en place sur le territoire de la collectivité («  j’adopte…  », jardins partagés/ familiaux, TEN …)  ; c’est également un relais Vigie-nature école, curieux de nature … Le but est de développer la connaissance de la «  biodiversité ordinaire  » notamment, d’acculturer le public. Les données d’inventaires sont ensuite remontées au niveau national.

Les échanges reviennent sur les délais d’intégration des données dans la plateforme de géoservices et sur les lots de données du niveau national non encore disponible sur cette plateforme. Une meilleure valorisation sera possible si les jeux de données sont bien identifiés à l’aide de leurs métadonnées, par exemple dans un indicateur sur les sciences participatives.

Transversal aux ateliers  :

Dans les 4 ateliers, sont revenus fréquemment les points suivants :

- Besoin de l’exhaustivité des données existantes

- Besoin de fluidification de la circulation des données entre le dépôt de la données et sa disponibilité sur la plateforme

- Les participants ont plébiscité le nouveau format de rencontre annuelle mis en place  : une demi-journée avec un temps important en ateliers, rendez-vous l’an prochain  !

Retrouvez l’article des rencontres régionales du SINP de 2023 ici.

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